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Mutualisme libéral : l'oxymore laitier américain


Notre politique laitière nationale est encore embourbée dans le mythe du prix unique du lait . Les producteurs laitiers français ont du mal à accepter que deux producteurs voisins , travaillant ensemble en CUMA ou en chantier d'ensilage, soient demain payés avec des écarts de 20 , 30 ou 50 euros par 1000 litres alors qu'ils produisent le même lait mais livrent à deux laiteries ayant des stratégies différentes. C'est individuellement difficile à admettre , cela semble encore plus difficile pour un responsable syndical. Et pourtant on comprend aisément qu'une laiterie produisant des produits laitiers frais vendus sur le marché intérieur et une laiterie produisant des fromages et des poudres pour l'exportation n'aient pas les mêmes contraintes ni les mêmes contextes.


Un grand écart insoutenable


Dans le premier cas le lait pèse peu dans le produit fini et le contexte prix est relativement stable . Quand les marchés laitiers s'enflamment du fait de la demande mondiale ces laiteries paient plus cher une matière première sans pouvoir répercuter le coût sur le consommateur. Ces années "euphoriques" pour les producteurs peuvent devenir "galère" pour les laiteries . C'est par exemple le cas de Danone , on comprend facilement pourquoi cette laiterie engage une politique de prix contractuels partiellement adossés sur des couts de production.

Dans le cas de laiteries orientées sur le grand export, au contraire ,les années de galère sont celles ou le marché mondial tire à la baisse ( comme actuellement) mais où les accords de prix intégrant les Produits de Grande Consommation du marché intérieur (PGC) maintiennent un prix à la production supérieur à celui de leur valorisation. Ces laiteries vont chercher à construire un mécanisme de prix incitant à une agilité maximale dans les volumes produits pour s'adapter à la demande des marchés avec des systèmes de double prix par exemple..


On comprend donc que la nouvelle politique laitière européenne plus libérale permet une croissance de la production mais va mécaniquement entrainer une grande variété des prix entre laiteries sur une même période. Est ce une fatalité ? pas forcément ...


Les USA ont construit une mutualisation du prix du lait

La politique laitière américaine a su concilier libéralisme et mutualisation par le mécanisme des MMO , les Milk Marketing Orders. La production laitère est totalement libérale ( liberté de créer une entreprise , liberté de produire) . En revanche sur une même zone ( il y a une douzaine de zones aux USA ) tous les producteurs sont payés le même prix . Les entreprises laitières achètent le lait selon une grille de prix construite en fonction de l'utilisation qui est faite du lait, selon le mix produit de la laiterie en quelque sorte.Il y a à 4 ou 5 catégories avec des prix différents . Le lait vendu frais en bouteille ( les américains en consomment davantage que nous) est le mieux valorisé , la poudre ou le beurre étant moins valorisés, les froamges étant en situation médiane. Ces prix sont fixés par zone ( le lait frais) ou au niveau national. Au niveau d'une zone le montant des ventes sont rassemblées (M

MO) et réparties sur


chaque producteur au prix moyen pondéré .Cela se fait quelque soit l'entreprise, coopérative ou privée, à laquelle il a livré son lait.

Au delà de l'image caricaturale que nous avons du libéralisme américain, ce mécanisme de mutualisation du prix est vraisemblablement une piste interressante pour sortir de "la guerre" du prix du lait. Cela va d'ailleurs un peu dans le sens des actions de l'EMB mais sans la centralisation de la vente de lait ce qui est à l'évidence beaucoup plus pragmatique.


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