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Sortie de crise épisode 3 ch2 : second tabou Oui ! l’agriculture familiale peut avoir différentes tailles et des formes diverses.

Notre imaginaire collectif français survalorise la « petite exploitation agricole familiale » sans vraiment savoir ce dont il s’agit. « Moi je suis tranquille je me fournis directement chez un petit agriculteur … ce sont les gros céréaliers qui se gavent de subventions … je ne supporte pas les fermes industrielles qui polluent » … florilège de discussions de salon. Au sein de la profession les controverses voire les invectives entre « agriculture paysanne » et « agro-manager » sont également monnaie courante.

 

Oui ! l’agriculture familiale peut avoir différentes tailles et des formes diverses.

 

Précisons simplement que l’agriculture prend des formes de plus en plus diverses et que le critère le plus pertinent d’évaluation de la dimension de l’entreprise agricole sera sans doute demain de la rapporter à l’unité de travail (chef-s d’entreprise mais aussi salariés). Les salariés par leur nombre croissant et surtout leur qualification seront demain une des clés du succès de l’agriculture française. C’est un challenge important pour toute la chaîne agricole en termes de formation, de recrutement mais aussi de management, de reconnaissance et donc de fidélisation.

 

"agriculture de subsistance" et "agriculture déléguée"

 

Le caractère familial, concept assez mal défini d’ailleurs, et la taille d’une entreprise ne sont pas forcément liés. On parle souvent d’entreprise à « taille humaine ». En agriculture la confusion est encore plus grande. L’agriculture conjugale (un couple travaillant seul et à temps plein sur une exploitation) est aujourd’hui devenue très minoritaire. L’exploitation familiale a-t-elle pour autant disparue ? Certainement pas. On pourrait facilement distinguer aujourd’hui quatre types d’exploitations agricoles :

-celles qualifiées « de subsistance » généralement de petite taille, tenues par des retraités ou des pluriactifs insérés dans un réseau d’activités et de solidarités locales. Elles ont souvent un caractère patrimonial et sont peu insérées dans l’économie générale. Elles peuvent aussi être des « fermes de loisir ».

- celles que je qualifierai de « fermes déléguées » dont le propriétaire (souvent retraité ou descendant du précédent agriculteur) délègue la gestion à un chef de culture ou l’ensemble des taches à une entreprise de travaux agricoles. Les motivations et le profil de ces « délégants » peuvent être très variés, la création de valeur n’est souvent pas l’objectif principal.

 

Ces deux catégories d’exploitations agricoles sont importantes socialement et pour la vie des territoires, elles peuvent être ambigües dans l’évolution environnementale et n’ont pas beaucoup d’incidence sur l’équilibre alimentaire global de la France.

 

"agriculture artisanale" et "agriculture entrepreneuriale"


-celles qu’on pourrait appeler « artisanales », constituées de « petits patrons » comme les qualifie le sociologue François Purseigle. Elles ont un fort ancrage dans la tradition technique et culturelle agricole, un sens aigu de l’indépendance, une aversion marquée aux prélèvements obligatoires, peuvent être de grande ou petite taille, s’ouvrir ou non à l’innovation, être profitables ou non, mais restent finalement très ancrées dans une vision patrimoniale de la propriété acquise ou souhaitée.

Constituant sans doute actuellement une majorité des exploitants agricoles, c’est la catégorie d’agriculteurs qui doit être la cible principale des politiques de développement agricole et d’accompagnement dans les transitions agroécologiques.

 

-celles que l’on pourrait qualifier « d’entrepreneuriales » sont caractérisées par une agilité stratégique. Elles peuvent être de tailles très diverses mais donnent priorité à la création de valeur économique, à l’adaptation aux marchés, à l’innovation permanente. Elles sont ouvertes aux partenariats, peuvent détenir totalement ou partiellement des filiales patrimoniales ou de production. Pilotées par un ou plusieurs agriculteurs, entrepreneurs individuels, elles emploient souvent des salariés et sont de plus en plus ouvertes aux possibilités de se financer partiellement par des capitaux extérieurs. La détention en propriété de leurs moyens de production n’est pas leur priorité.

 

Ces agriculteurs sont souvent très autonomes et très exigeants vis-à-vis des organisations agricoles. Ils demandent aux pouvoir publics un cadre stratégique clair et les moyens de pouvoir produire pour répondre à la demande des marchés.

Ces deux catégories d’exploitations sont généralement (sauf dans certains secteurs viticoles) à large dominante familiale. Elles sont déterminantes dans l’atteinte des différents objectifs stratégiques agricoles de la France : sécurité alimentaire, puissance exportatrice et transition agroécologique mais demandent donc des plans d’action de politiques publiques complémentaires.

 

 

Transcender les tabous de la taille et du caractère plus ou moins «  paysan » de l’agriculture


Il existe pour cela, de mon point de vue, quatre axes majeurs :

 

            Reconnaitre le salariat comme une forme de plein droit de l’exercice de la profession agricole.

           Accepter que la taille globale ne soit plus un facteur discriminant et davantage raisonner dimension/unité de travail.

           Reconnaître que les compétences nécessaires pour réussir en agriculture sont de plus en larges et diverses, l’augmentation de la taille seul ou en alliance est une des réponses à ces nécessités. Il en est de même pour les conditions de vie (congés, week-end, charge mentale, temps de travail) qui sont plus aisées dans des grandes exploitations notamment en élevage.

            Intégrer qu’en matière d’action publique, il y a sans doute, plusieurs cibles, notamment les quatre types rapidement évoqués, qui ne sont pas déterminées par la taille globale de l’entreprise.

 


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