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Interview Ouest France : Des élevages de plus en plus complexes à conduire

Interview Ouest France 9 Février 2016





Agronome et économiste, directeur du CERFrance de la Manche pendant vingt ans, Jean-Marie Séronie est désormais consultant et écrivain. Il a publié l’an passé : « l’agriculture française : une diva à réveiller ? » (Éditions Quae).




Faut-il désespérer de l’élevage français ?


Les manifestations actuelles sont emblématiques de la complexité de l’agriculture française. Les dernières réformes de la Politique agricole commune (PAC) ont démantelé les derniers systèmes de protection de l’Union européenne pour rapprocher les prix du niveau des cours mondiaux. En faisant cela, l’Europe a introduit la volatilité dans l’économie agricole. L’agriculture se trouve aujourd’hui dans une situation paradoxale. En France, les comptes de l’agriculture de l’année 2015 viennent de conclure à l’augmentation des revenus par actif agricole, alors que le ressenti dans les campagnes est tout autre. En fait, il y a en France une réalité que personne ne veut voir : l’écart grandissant de performances entre les agriculteurs. Cette dispersion a toujours existé mais elle augmente et renforce les difficultés de certains dans des secteurs qui ne sont pas forcément en crise.


Comment appréhender ces écarts grandissants ?


Il n’existe pas aujourd’hui de mesure régulière des performances de l’agriculture prenant en compte la diversité des situations dans une même production. Seuls les centres de gestion disposent de ces données. À l’heure du big data il est important que ces données soient utilisées pour que tout le monde dispose en permanence d’une vision objective et précise de la situation.


Les éleveurs doivent développer de nouvelles stratégies ?


Il faut que les agriculteurs aient conscience que dans le nouveau système économique dans lequel ils évoluent, ils doivent non seulement renforcer leur niveau technique, mais agir en véritables stratèges d’entreprises pour faire varier le niveau de leur production en fonction du prix des intrants et de la valeur du marché. En clair, conduire une exploitation flexible qui leur permettra de passer plus facilement les crises, à condition de constituer des réserves en période faste. Mais pour y parvenir, il faut plusieurs choses. Rehausser le niveau des compétences car le métier d’agriculteur est désormais de plus en plus difficile ; renforcer la compétitivité des exploitations. Sur certaines fermes, la productivité par unité de travail n’est pas suffisante. De ce point de vue, les aides publiques attribuées à certaines filières n’incitent pas à la performance économique.


Cette crise signe la fin de l’agriculture familiale ?


Le dogme de l’agriculture familiale génère des freins dans l’agrandissement des exploitations. Je ne prône pas des fermes géantes, mais des structures intenses en capital travaillant pour les marchés nationaux ou internationaux coexistant avec des exploitations intenses en main-d’œuvre pour servir le local. Des solutions nouvelles doivent être mises en œuvre pour attirer des investisseurs extérieurs dans le capital des premières structures, et ainsi soulager l’exploitant qui ne peut supporter seul l’immobilisation des capitaux. On doit aussi songer aux alliances entre agriculteurs sur un dossier précis, un peu comme les Sociétés civiles laitières qui permettent à des éleveurs de mettre en commun uniquement la partie lait et de conserver la gestion des fourrages. Ou un magasin de vente directe entre plusieurs agriculteurs.


Franck JOURDAIN.

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