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Après la nuit de la détresse, une aurore stratégique ?


La nuit du 2 juillet a été baptisée nuit de la détresse agricole par le syndicalisme. La colère des agriculteurs s’est surtout manifestée dans l’Ouest et les défilés ont parfois pris, comme souvent, l’allure de mini salon du machinisme agricole avec défilés de tracteurs dernier cri ! Traverser la ville, à la tombée de la nuit, en groupe, en klaxonnant au volant d’une grosse machine rassure, donne un sentiment de puissance et de revanche face aux citadins comme j’ai pu le vivre hier soir dans ma ville de Bayeux.


Ce mouvement permet de canaliser une colère et à une organisation syndicale, très chahutée lors de la crise de 2009 de tenter de garder le contrôle ,même si son président a rudement été pris à parti en Bretagne par des éleveurs. Cela témoignage d’une coupure et d’un mal être évident.


Un sentiment d’incompréhension


Il y a des situations financières personnelles très compromises, des agriculteurs interdits de chéquiers qui n’ont plus de perspectives . En production laitière nous sommes dans une phase basse des cours . Ces éleveurs se sentent acculés au bord du gouffre et on comprend leur désespoir. Mais cela reste heureusement une infime minorité , n’oublions pas que sur la campagne précédente le prix moyen du lait a atteint un niveau que les éleveurs n’avaient jamais connu de toute leur carrière.


L’enjeu dans ce nouveau contexte économique de volatilité des cours est bien de gérer techniquement et financièrement son entreprise autrement qu’hier avec une vraie vision stratégique et un comportement de chef d’entreprise. En France les producteurs réagissent très fortement aux variations de prix ( hausse ou baisse de production , investissement ..) ce qui n’est ni un atout pour la filière ni une preuve de maturité gestionnaire. C’est beaucoup moins le cas chez nos voisins européens preuve qu’un autre comportement est possible.


La colère montante des agriculteurs (et tout laisse à penser qu’elle va s’amplifier cet automne) prend racine dans quelques situations personnelles très difficiles mais surtout dans un sentiment d’incompréhension et d’abandon partagé par beaucoup. Nous sommes aujourd’hui dans un monde qui change très vite tant au plan économique (volatilité des prix) que technique ( environnement, génomique .. ), révolution numérique …et c’est évidemment très angoissant , surtout quand on est un travailleur isolé. C’est une dimension fortement psychologique devant laquelle un ministre sert traditionnellement de bouc émissaire.


Détresse de la communication ?


Sur ce plan le choix du thème de « la détresse » est de mon point de vue très contestable. Quand une organisation manifeste elle envoie un message à l’extérieur mais aussi et parfois surtout à ses troupes.

Au cas d’espèce le message de détresse , le « help » des JA la semaine dernière est fait pour demander une écoute, de l’aide à l’Etat…vis à vis des consommateurs cela aurait pu être « aidez nous en consommant davantage français » cela n’a clairement pas été le cas. On peut comprendre cette communication plutôt compassionnelle.


Par contre si ce message peut émotionnellement rassurer certains agriculteurs , il est je pense catastrophique à moyen terme pour les agriculteurs eux-mêmes car à l’opposé d’un message d’entreprise, d’un comportement d’entrepreneur .Et c’est précisément cela qui nous fait défaut actuellement par rapport à nos concurrents. Comment après de tels messages initier une vraie démarche entrepreneuriale ?


Vers un projet stratégique agricole français …


Les voies d’un avenir conquérant dans un monde en mouvement rapide seraient plutôt

· que les responsables agricoles tiennent un discours pédagogique, courageux et de vérité,

· que les organismes comme les chambres orientent majoritairement les actions de leurs collaborateurs vers un accompagnement actif et professionnel des agriculteurs ayant du mal à s’adapter.

· sans doute qu’un plan d’accompagnement vers une reconversion professionnelle honorable soit proposé à certains.


Enfin et surtout il nous faut une ambition commune. Nous avons besoin de définir un horizon clair, quelque part une "utopie" . Ainsi un véritable projet devrait être élaboré en commun par les différentes parties prenantes. Les Irlandais par exemple ont su le faire avec « Food Harvest 2020 » et déjà « Agri-Stratégy 2025 » en cours d’élaboration.


Dans une entreprise cela s’appelle un projet stratégique!

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