Chapeaux chinois et bonnets rouges

Il n’y a pas que le climat «physique» à avoir été capricieux cette année. Le printemps froid et pluvieux, l’été et l’automne chaud ont pesé sur de nombreux équilibres de production ou de prix (fourrages, légumes, vigne...). Cela nous ramène à une réalité agri- cole contingente des marchés comme des conditions climatiques.

Actualité capricieuse également avec une campagne marquée par les négociations sur la PAC, les multiples réformes en cours. Cet automne le climat « moral » connait une vague d’inquié- tudes, d’angoisses parfois de colère des producteurs : ambiance paradoxale de décisions publiques contestées (fin des restitutions, TVA sur les activités équestres, convergences des aides PAC) connues depuis longtemps et qui se produisent dans un contexte de prix plutôt favorable.

L’agriculture française déprimerait-elle alors que ses perspectives sont plutôt ensoleillées ?

L’agriculture française douterait-elle d’elle-même alors que de nombreux investisseurs étrangers (chinois, saoudiens...) ont résolument confiance dans nos savoir-faire puisqu’ils mobilisent des capitaux ?

Une partie de la réponse et du remède tiennent sûrement dans notre capacité à lire notre environnement, sa réalité et à tracer des perspectives partagées.

Saurons-nous moderniser nos filières notamment les outils de première transformation face aux exigences de compétitivité ?

Saurons-nous concilier notre modèle d’exploitation familiale avec les exigences de compétences du chef d’entreprise ?

Mais au-delà des enjeux collectifs, se pose à chaque agriculteur la question de la gestion de son entreprise et de sa couverture individuelle sur les fluctuations de marché. Suivant sa filière aura-t-il une logique de couverture à « long » terme (marché à terme) ou une logique du prix de marché du jour (marché au cadran) ?

En quelque sorte mettra-t-il un douillet bonnet qui protège du froid ou un chapeau à large bord de type chinois efficace contre les aléas de la pluie comme du soleil ?